David Piotrowski & Yves-Marie Visetti, « Expression diacritique et sémiogenèse »

David Piotrowski & Yves-Marie Visetti
Institut Marcel Mauss- LIAS/EHESS -CNRS-UMR 8178 (Paris)

Recherche effectuée dans le cadre du programme ANR SOURVA (Aux sources de la variation culturelle).

Résumé

Les considérations et les questionnements qui suivent sont le fait de chercheurs dont l’objet premier est le langage tel qu’approché au prisme de l’analyse et de la théorisation linguistiques. C’est dans cette perspective, et à la faveur d’une réflexion à caractère épistémologique, que s’est progressivement affirmée la nécessité d’un recours à la phénoménologie : recours divers dans sa portée comme dans ses moyens (concepts, architectures, canevas descriptifs, principes fondationnels), amenant possiblement à une reconfiguration du champ d’étude.

– la reconduction, d’abord, d’un principe phénoménologique de primat de la perception, qui se répercute dans la façon de penser la double nature, sensible et idéelle, des entités et des procès sémiotiques : allant ici à l’encontre de toute réduction, autant celles qui procèderaient d’un positivisme empiriste non critique que celles qui tiendraient d’un système d’abstractions formalisantes ;
– la pleine reconnaissance en tout cas d’une nature indivise du signe, polarisé certes en signifiant et signifié, mais opposé à toute scission en composantes indépendantes de son et de sens, souvent inspirée de vues logicistes, conceptualistes ou référentialistes ;
– l’attention portée aux régimes dynamiques de constitution des signes et du sens, recompris comme champs et formes pris dans des logiques
d’individuation et de (dé-)stabilisation ;
– à partir de là, et plus radicalement, une critique de toute conception du signe qui en ferait le point de départ de la semiose, ou l’effet d’une sorte de programme positionné en amont de sa manifestation ; et, a contrario, l’exigence d’une problématique proprement sémiogénétique, où tout formant sémiotique, quel que soit son empan ou son épaisseur, est à comprendre comme un moment d’individuation, dans un flot qui soit parole motivée, engagée, adressée.

A travers ces différents points problématiques se dessine l’esquisse de ce que l’on pourrait désigner comme une linguistique phénoménologique, une linguistique en tout cas soucieuse de respecter dans la constitution de ses objets d’étude les dimensions fondamentales de ce qui apparaît dans l’exercice même du langage.

In Metodo. International Studies in Phenomenology and Philosophy
Vol. 3, n. 1 (2015)

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