Résumé
L’opposition de la nature et de la culture, qui avait servi de socle à l’anthropologie structurale, est devenue un lieu commun de la philosophie.
Elle abrite pourtant plusieurs paralogismes que la plupart des commentateurs, anciens ou récents, anthropologues ou philosophes, s’accordent à passer sous silence. C’est d’autant plus étonnant que Lévi-Strauss lui-même a depuis longtemps renié cette opposition proprement sophistique pour une conception de la nature plus proche de celle d’Aristote.
Nous tenterons de déterminer les causes de cette cécité intellectuelle persistante, et de remédier à ses conséquences les plus dommageables : la négation de toute nature humaine, au nom d’un relativisme superficiel et dogmatique ; ou, à l’inverse, la « naturalisation » au forceps des sciences humaines, par réduction de la nature à l’image très partielle que la physique classique nous en donne.
En nous appuyant sur des textes célèbres, mais méconnus, de Lévi-Strauss, aux accents aristotéliciens, nous montrerons que les sciences de l’homme peuvent être réinsérées dans les sciences de la nature, sans perdre leur spécificité.