Jean-Pierre Durafour, « De la double référence du langage »

Jean-Pierre Durafour – Université de Tübingen
Equipe SCOLIA de l’Université Marc Bloch de Strasbourg

Résumé

Depuis une trentaine d’années, et plus particulièrement depuis le début des années 90, le champ des recherches en sémantique lexicale et en sémantique propositionnelle se trouve dans un profond bouleversement théorique. Ce lieu intellectuel est un creuset bouillonnant d’idées nouvelles. L’intensité de ce bouillonnement et de ce besoin de transformations conceptuelles est à la mesure des enjeux historiques : la remise en question de la configuration et des principes théoriques de la sémantique/sémiotique grammaticale et linguistique (24 siècles), centrée depuis toujours, et non par hasard, sur la sémantique et la sémiotique du mot substantif (comme substance/essence /concept//objet en tant qu’étant séparé positif logiquement délimité, en opposition au néant). D’où, dans les études traditionnelles du sens et de sa formation, avec toute la force de leur évidence, l’atomisme du sens lexical et du correspondant mondain de la chose (objet) que ce sens désigne ontologiquement et signifie individuellement, sa référence. Reflet de l’atomisme ontologique classique, l’atomisme sémantique est théoriquement flanqué, d’une part, du principe ontologique de l’antécédence du simple sur le composé, de l’autre, du principe épistémologique et génétique de la précédence de la partie sur le tout. Il s’agit là, on le sait, de la conception conceptuelle du sens du mot (analytiquement composé de traits) et de la conception compositionnelle du sens propositionnel, conceptions statiques nées, à l’époque de la Grèce classique, de l’ontologie (les catégories aristotéliciennes et le principe hiérarchique de l’essentiel et de l’accidentel) et de la théorie de la connaissance rationnelle, objective, du général, en opposition à la connaissance perceptive privée, subjective, du particulier.

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