Conférence tenue à « Point Culture Bruxelles » le 21 mars 2017
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Conférence tenue à « Point Culture Bruxelles » le 21 mars 2017
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Exposé lors du colloque « Law & Big Data », Sénat, Palais du Luxembourg, 17-18 mars 2017.
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Les diapositives (en français) sont intégrées dans la vidéo.
Talk given at the ‘law & Big Data’ Conference, held in the French Senate, Palais du Luxembourg, March 17-18 2017. Slides (in French) are directly inserted in the video.
Jean Lassègue, Cassirer. Du transcendantal au sémiotique, collection « Mathesis », Vrin, Paris, 2016, 242 p., ISBN 978-2- 7116-2690- 8, 25€.
Ernst Cassirer (1874-1945) fut l’un des principaux acteurs des débats philosophiques et épistémologiques de l’entre-deux- guerres en Allemagne. Héritier de la tradition épistémologique kantienne et néo-kantienne, Cassirer fut confronté à une situation épistémologique sans précédent : la pluralisation des géométries montrait que l’idée de connaissance était susceptible de variation dans ses propres modes d’objectivation. Tirant philosophiquement toutes les conséquences de cette situation inédite, Cassirer reconnut l’égale valeur de modes d’objectivation jusqu’alors considérés comme seulement propédeutiques à la connaissance scientifique, tels le langage, le mythe, la technique ou le droit. Il a forgé, avec la notion de « forme symbolique » un outil conceptuel original qui articule sciences de la nature et sciences de la culture en plaçant, au cœur des modes de l’objectivation, la capacité de transformation propre au sens. Il a, ce faisant, déplacé le centre de gravité de la philosophie kantienne du transcendantal au sémiotique.
Ernst Cassirer, du transcendantal au symbolique tente d’éclairer l’œuvre de Cassirer selon trois axes qui ont respectivement trait à l’histoire de la philosophie, à l’épistémologie et aux sciences de la culture.
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Yves-Marie Visetti présente ses recherches actuelles sur les modalités d’appréhension du phénomène de la reconnaissance.
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(partie 5/7) :
(partie 6/7) :
suite et fin :
Les journées scientifiques qui se sont déroulées à la station biologique de Foljuif en novembre 2002 ont permis de faire se rencontrer des anthropologues et des linguistes, des éthologues, des philosophes et des modélisateurs appartenant au groupe de recherche « Modélisation de l’émergence du langage » (MEL).
Très concrètement, tout d’abord, l’objectif de ces journées était de réunir des chercheurs britanniques et français, appartenant à des disciplines variées (anthropologie, linguistique, modélisation en sciences humaines et sociales, philosophie), pour permettre des échanges transdisciplinaires et transnationaux. Il s’agissait, d’une part, de mieux comprendre la place revenant au langage dans l’ensemble des activités symboliques et, d’autre part, de mieux circonscrire la pertinence de la modélisation dans l’abord de l’émergence du langage. Ces deux questions, traitées de façon connexe depuis la formation du groupe MEL, méritaient, de par leur importance et leur difficulté, une étude particulière, d’où l’idée d’y consacrer des journées spéciales.
Je présente ici les différentes interrogations qui furent les miennes en proposant au groupe MEL la tenue de cette réunion. Ni les membres du groupe ni nos invités n’étaient évidemment tenus d’y répondre explicitement, et chacun a pu se situer librement par rapport à celles-ci, sans avoir à y couler de force sa pensée.
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La problématique remonte à Darwin et au concept de sélection naturelle. La sélection naturelle de certaines caractéristiques dans les organismes vivants exige un préalable : la permanence de la variabilité de ces caractéristiques, variabilité que Darwin ne s’expliquait pas (C’est Mendel qui a montré qu’elle vient du fait que les caractéristiques propres aux deux parents ne se diluent pas dans la génération suivante -en quelques générations cela réduirait à rien toute variation – mais que certaines caractéristiques provenant d’un des parents s’exprime tandis que celles provenant de l’autre parent peuvent s’exprimer à des générations ultérieures – c’est la différence dominant / récessif). En revanche, Darwin met au jour un mécanisme permettant de rendre compte de la sélection des caractéristiques : dans un environnement donné, certaines caractéristiques apparaissant de façon aléatoire sont avantageuses pour l’organisme en termes de différentiel de reproduction. L’organisme doté de telle ou telle caractéristique bénéficie d’un temps moyen de reproduction plus grand que celui qui n’en est pas doté (par exemple, une plus grande rapidité à la course ou un meilleur camouflage) : l’accumulation de cet avantage reproductif à travers les générations contribue à multiplier les descendants de l’organisme possédant la caractéristique en question au détriment des organismes de la même espèce ne possédant pas cette caractéristique. Il y a donc une compétition entre les individus d’une même espèce, compétition qui transite par les caractéristiques assurant, dans un environnement donné, un avantage reproductif. C’est ce qui transforme progressivement l’espèce au cours du temps.
Le mécanisme de la sélection naturelle semble ainsi rendre impossible tout ce qui ne vise pas l’avantage reproductif de l’individu. Le mécanisme de la sélection naturelle permet non seulement d’expliquer les caractéristiques organiques des espèces et leur évolution au cours du temps, mais aussi les caractéristiques comportementales. On voit immédiatement la conséquence : si on peut expliquer l’existence des comportements d’aide, de protection et de secours entre individus apparentés (mère / progéniture, par exemple), le mécanisme de sélection naturelle semble impropre à sélectionner des comportements « altruistes » entre individus non-apparentés puisque cela irait directement contre la règle de la compétition pour l’avantage reproductif.
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Dans cet exposé je focaliserai les liens entre invention et interprétations, que je propose d’analyser comme deux opérations sémiotiques (et plus largement anthropologiques), à l’œuvre dans différents dispositifs et régimes culturelles de gestion du sens. En nous appuyant sur la distinction de Yves Citton entre économies de la connaissance vs cultures de l’interprétation, nous montrerons la valeur prototypique du geste inventif, qui traverse toute praxis et se déploie comme une interprétation sémiotique généralisée orientée toujours vers les virtualités des objets et permettant une double actualisation des sujets (et des groupes sociaux) et des milieux de culture.
Vidéos :
En replay, l’intervention de Jean Lassègue chez Antoine Garapon, jeudi 22 décembre, dans Les discussions du soir sur France Culture.
Si l’opinion publique connaît le destin d’Oscar Wilde qui a été condamné à deux ans de prison pour sa conduite homosexuelle, elle ne sait probablement pas que le grand mathématicien anglais Alan Turing (1912-1954) a été condamné sur la base de la même loi britannique de 1885 à subir une castration chimique qui l’a tellement affecté qu’il a mis fin à ses jours. Ce scientifique de génie, qualifié par Churchill lui-même comme « l’un des hommes dont l’action individuelle a le plus contribué à la victoire des Alliés », a bénéficié d’une grâce posthume de la reine en 2009. A G.
Le philosophe reviendra sur la figure d’Alan Turing, mathématicien et chargé par les Services Secrets des codes pendant la Seconde Guerre mondiale, sur son histoire, sur la rédaction de son premier article en 1936, évoquant la description d’une machine (qui allait donner naissance à l’informatique), sur sa condamnation pour homosexualité, sur sa mort par le suicide…
De son temps, il est peu connu, sinon d’un cercle étroit de personnes; il est, de plus, tenu au « secret defense », de par son engagement – un secret qui sera bien gardé. Il se sait homosexuel depuis ses jeunes années de lycée, depuis cette passion pour un camarade, féru comme lui de mathématiques, brillant étudiant qui va mourir aussitôt, laissant Turing investi d’une mission : accomplir l’oeuvre laissée en cours par l’Ami….
Si dans l’enceinte de l’université, l’homosexualité passe, cela n’est pas le cas dans la société. Turing sera condamné. Le procès lui donnera le choix entre un an de prison ferme ou un traitement de hormonothérapie, autrement dit; se castrer lui-même. Il choisira la castration : il veut travailler, et il se sait utile. L’audience aura lieu, et il sera condamné à des piqûres d’oestrogènes, qui vont, non seulement modifier sa libido, mais son corps…
S’il fait ce choix, c’est parce qu’il croit en la séparation du corps et de l’esprit. Comme il choisira de se suicider, en croquant dans une pomme trempée dans du cyanure. La renommée de Turing grandit au fil du temps, on louera son rôle capital durant la Seconde Guerre mondiale (certains spécialistes s’accorderont pour dire qu’il a fait raccourcir la guerre de 2 ans). En 2013, une grâce de la Reine est accordée. … Il meurt à 42 ans, du fait de l’absurdité des lois réprimant l’homosexualité en Angleterre.
Une musique de circonstance ? « Snow white evil Queen prepares poison Apple », ou l’air de la Sorcière dans Blanche-Neige et les 7 nains.
Voir sur le site de France Culture
En savoir plus sur Alan Turing : Turing, J. Lassègue, Paris, Les belles lettres, re-éd. 2003
Pierre Boudon – L.E.A.P (Laboratoire d’Étude de l’Architecture Potentielle), Université de Montréal
Dans une étude précédente, La question du genre comme nœud de relations sémantiques, nous avons associé étroitement la notion de « catégorisation » et celle de « classification ». Sans remettre totalement en cause cette association : « catégoriser, c’est classer », nous voudrions à nouveau réévaluer ce rapport en l’ouvrant en particulier à d’autres considérations puisque celui-ci dépend d’un autre, plus profond, entre déterminisme et indéterminisme (ou, en termes sémiotiques, « reproduction » d’un système de valeurs et « innovation » en tant que modification et/ou changement) […]
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Texte originairement publié in Études Rurales, janvier-décembre 1998, N°147-148, pp.139-149.
Notre régime carné n’admet pas la consommation d’animaux morts, mais seulement d’animaux tués. À partir de deux situations de mise à mort d’animaux à des fins alimentaires, on montre que seuls procurent de la viande des animaux à bonne distance – ni trop loin de l’homme, ni trop près -, et que leur mise à mort ne résulte pas en un cadavre immangeable, mais en une substance vivante. Le contrepoint du thon, ce poisson qui saigne, vérifie que les pratiques peuvent faire prévaloir la catégorie conceptuelle sur des apparences sensibles ambiguës, et ainsi laisser le thon dans la catégorie du poisson. Dans tous les cas, une physiologie comparée implicite ordonne le monde des vivants, et les relations concrètes des hommes avec les animaux.
Dans notre culture comme dans beaucoup d’autres, le régime carné pose directement la question de la mort des animaux dont on se nourrit, et d’autant plus brutalement qu’on ne consomme pas des animaux morts, mais des animaux tués de main d’homme à cette fin expresse1
D’autre part, lorsque la consommation d’animaux morts est admise, ils sont encore considérés comme tués, mais par Dieu même2. C’est pour cette raison que régulièrement il fait l’objet de débats qui mettent en question sa légitimité : a-t-on bien le droit de tuer des animaux pour en nourrir les hommes ? Ne faut-il pas se faire végétarien, pour s’abstenir d’entretenir sa propre vie par la mort d’autres vivants ? Ces scrupules ont pour eux le prestige du souci éthique et d’une compassion étendue à tout vivant ; face à quoi le carnivore est suspect d’égoïsme cynique et de mœurs sanguinaires, accusé de spécisme, cette injuste arrogance des humains à l’égard des autres vivants, ou encore de nécrophagie, cette répugnante inhumanité.
Ces adversaires partagent cependant quelques idées communes. En particulier, ils sont d’accord pour distinguer les animaux des végétaux : le carnivore en considérant qu’il n’est de nourriture vraiment reconstituante que d’origine animale, le végétarien en ne tenant pas pour mortifère la récolte des végétaux et la consommation des graines de céréales, ces germes de vie. Où l’on voit que la définition de ce qu’est un animal est étroitement liée à une représentation de la vie et, plus évidemment encore, de la mort ; et que le référent implicite de ces représentations est l’homme lui-même. Ce qui revient à dire que ni les animaux ni même la mort ne sont des faits bruts, des données objectives irrécusables, mais qu’ils sont toujours construits, et plus sûrement en actes qu’en spéculations abstraites.
L’ethnologue se donnant l’humanité réelle pour son objet d’étude, il ne vient à s’intéresser aux animaux, et à leur mort, que pour autant que les hommes s’y intéressent (Digard 1990 :12) ; son intérêt se porte donc sur les relations effectives, en actes et en représentations, que des hommes datés et localisés entretiennent avec des animaux – réels ou imaginés, mais toujours représentés. Ce qui implique que non seulement ces animaux, mais aussi leur mort, soient présents et reconnus dans le champ des activités humaines : les Fables de La Fontaine contribuent sans doute autant que leurs invasions saisonnières à nous rappeler l’existence de ces insectes ; mais celles qui périssent sous nos pas sont simplement ignorées, comme le sont d’ailleurs des animaux et des morts de plus de conséquence, si pour quelque raison ils sont absents de notre horizon individuel ou collectif.
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