Représentation et catégorisation font figure pour une bonne partie de la sémantique et des sciences cognitives contemporaines de briques heuristiques dans la description et la théorisation du langage. Or, l’étude systématique de la polysémie et de la polycatégorialité conduit la sémantique depuis vingt ans à contester à l’une et l’autre de ces notions tout statut explicatif dans l’explication des mécanismes langagiers. Réalisée sur les terrains les plus variés, ce résultat (empiriquement peu contestable) demeure néanmoins un résultat purement négatif tant que ne sont pas décrits un par un et dans leur diversité, les processus cognitifs qui occupent les places traditionnellement imparties à la représentation et à la catégorisation. Passer du constat linguistique à une réflexion systématique sur ces processus me conduira donc à étudier, en relation avec la notion de formes symboliques et la façon dont Cassirer l’applique au langage, trois types de processus cognitifs et sémantiques, à savoir ceux qui sont associés :
– aux projections sémantiques
– aux comparaisons énonciatives
– à la non-linéarité et la polymorphie du signifiant
et à montrer que si toute catégorisation s’inscrit dans une projection sémantique, si toute représentation s’inscrit dans une comparaison et si tous les signes linguistiques sont polymorphes, alors nos intuitions linguistiques les plus immédiates sont des fictions cognitives dont il faut se défendre.