Il est plusieurs manières de concevoir la monnaie. Les plus classiques partent de la notion de valeur (travail ou utilité) qui permet d’expliciter pourquoi les biens sont commensurables (parce qu’ils ont une valeur) et selon quel rapport ils s’échangent (selon leur rapport de valeur). Dans un tel cadre, la monnaie vient après la valeur. Elle a essentiellement pour fonction de faciliter les transactions. Elle est l’instrument des échanges. Nous parlerons à ce propos d’une conception instrumentale de la monnaie. L’approche que nous présenterons conçoit, au contraire, la monnaie comme l’institution fondatrice des économies marchandes, issue d’une mouvement collectif d’adhésion qu’il s’agit de formaliser. Pour penser cette réalité, nous utiliserons comme méthode ce que l’on peut appeler une « genèse conceptuelle » : comment une économie marchande sans monnaie, pour accéder à une existence stabilisée, appelle nécessairement la monnaie. C’est alors la fonction d’unité de compte qui s’impose comme la fonction monétaire cardinale. Il s’ensuit, dans un tel cadre formel, que c’est le désir unanime pour la monnaie qui est au fondement de la commensurabilité des biens.