Valeria De Luca

Intervention de Valeria De Luca (chercheuse associée CeReS – Université de Limoges)

L’apparaître des phrases chez Yannick Haenel : une affaire de forme

Argumentaire

Comment montrer – donner à percevoirce par quoi l’on perçoit ? Comment dire, agir et saisir ce « quelque chose », ce moment qui, dès son apparition, est immédiatement et déjà compris et incorporé dans le flux continu de la sémiose ? Tels sont, entre autres, les questionnements que pose l’examen du thème perceptif en linguistique et notamment en sémiotique.

Dans cet exposé, nous souhaitons montrer comment il est possible d’extraire le thème perceptif d’un récit, notamment le roman Cercle (2007 [2009]) de l’écrivain Yannick Haenel, afin de le faire « parler » en quelque sorte « à la première personne ».

En d’autres termes, plus qu’une analyse – soit-elle stylistique ou narrative – d’une œuvre littéraire, nous visons la description du déploiement de ce thème dans une forme textuelle qui s’exhibe elle-même comme étant une description de la constitution perceptive-langagière de formes sémiotiques. Nous esquisserons d’abord les grandes lignes de l’esthétique langagière promue par l’écrivain et ensuite nous suivrons certaines phrases issues du roman afin d’identifier plus précisément quelques-unes des notions fondatrices de l’approche sémiogénétique.

Infos pratiques : Mardi 26 novembre, salle 3

Robert Nicolaï

Intervention de Robert Nicolaï (Professeur émérite, IUF et Université de Nice)

« Dynamique sémiotique… et ‘anthropologie langagière’ : une perspective. (contrepoint ‘phénoménologique’) »
Argumentaire

En prenant pour support cinq thèmes propres à la dynamique sémiotique : soit le sujet expérientiel et la naturalité, le clivagel’historicité et sa rétention, le NOUS et enfin la perspective de l’anneau de Moebius et de la dérive hélicoïdale qui suture le clivage et tend à nous renvoyer à nous-mêmes dans un unique plan dont nous ne sortons pas, il s’agira de s’interroger sur les potentialités de rencontre envisageables avec d’autres traditions de recherche issues de l’ordre philosophique, tout particulièrement phénoménologique (cf. Merleau-Ponty) ; et donc de mettre en regard, sinon en résonance, cette dynamique sémiotique avec d’autres conceptualisations qui ne s’y identifient pas et ne la recouvrent pas, mais qui sans doute, la croisent. Dès lors, la confrontation de certains points de conceptualisation et de certains objectifs affichés ne peut qu’être enrichissante. 

Infos pratiques : Jeudi 21 mars, salle 6

Maya Gratier

Intervention de Maya Gratier (Université de Nanterre)

« Expressivité, narrativité et protosémiose dans les échanges entre adultes et bébés »

Argumentaire

Je présenterai un ensemble d’études et de données descriptives qui suggèrent que, dès les premières semaines de vie, le bébé s’engage dans des échanges communicationnels avec des adultes attentionnés. Le montrerai en outre que le bébé sait exprimer avec sa voix et son corps non seulement des besoins primaires mais aussi des états de conscience. Cette possibilité expressive lui permet alors de partager des états de conscience, estompant les frontières entre soi et autrui. Ce champ d’étude permet d’ailleurs de questionner les dualités si ancrées dans les sciences de l’esprit: entre soi et autrui, le subjectif et l’objectif, l’intériorité et l’extériorité. Je suggérerai que la narrativité expressive est un vecteur central d’une protosémiose qui, plus que toute forme de prédisposition cognitive, construit et constitue la possibilité de parle..

Infos pratiques : Jeudi 17 janvier, salle 6

Alessandro Sarti

Intervention d’Alessandro Sarti (CNRS-CAMS/EHESS)

« Introduction aux morphodynamiques post-structurelles »
Argumentaire

On présentera le concept d’hétérogènese différentielle, au sein d’un cadre théorique/mathématique permettant d’envisager le/un devenir des formes singulières à partir d’une distribution d’opérateurs différentiels hétérogènes. Contrairement au calcul différentiel utilisé en physique mathématique, l’hétérogenèse repose sur l’agencement de contraintes différentielles, distinctes ‘point par point’ et changeant dans le temps. Les dynamiques qui en sortent ne peuvent pas être conçues dans le cadre de la physique et de la morphodynamique structurelle, d’où leur impact considérable sur les sciences de la vie et sur les sciences de l’homme.

Infos pratiques : (Jeudi 17 mai 2018, Salle des artistes)

Yves-Marie Visetti

Intervention d’Yves-Marie Visetti (LIAS)

« Motifs et motivations : encore un effort… »
Argumentaire

Dans notre Théorie des formes sémantiques (2001), nous avions introduit une certaine notion, spécifiquement linguistique, de motif, présentée comme « phase du sens » dans le cadre d’une théorie du champ sémantique.

On présentera ici quelques éléments venant à l’appui d’une possible extension et approfondissement de la notion, entendue cette fois comme une structure tout à fait générale de la perception et de l’agir sémiotiques, pièce d’une esthétique modale et d’une proto-éthique transversale à divers champs. S’exprimant dans le retour de gestes et de formes plastiques, sonores, langagières, le motif, à la fois singulier et répétable, croise en lui les dimensions de la force et de la valeur, celles aussi de la reprise/relance et de la typicité/variabilité (sous l’horizon d’une possible systématicité). Présente de façon éparse seulement dans la phénoménologie merleau-pontienne, cette notion demande à être mieux élaborée, et si possible théorisée sur un mode dynamiciste, à la mesure des répétitions et des ruptures inhérentes aux procès de valorisation, de transmission, de formation et d’enrôlement réciproques des « signes » (i.e. des jeux sémiotiques) et des « sujets ».

Infos pratiques :(Jeudi 3 mai 2018, Salle 651, 54, bd Raspail, 75006 Paris

Yves-Marie Visetti, « Types et motifs : la question de la reconnaissance »

Yves-Marie Visetti présente ses recherches actuelles sur les modalités d’appréhension du phénomène de la reconnaissance.

Vidéos :

(partie 5/7) :

(partie 6/7) :

suite et fin :

Antonino Bondì, « Invention et interprétation(s) entre imagination sémiotique et imaginaire »

Résumé

Dans cet exposé je focaliserai les liens entre invention et interprétations, que je propose d’analyser comme deux opérations sémiotiques (et plus largement anthropologiques), à l’œuvre dans différents dispositifs et régimes culturelles de gestion du sens. En nous appuyant sur la distinction de Yves Citton entre économies de la connaissance vs cultures de l’interprétation, nous montrerons la valeur prototypique du geste inventif, qui traverse toute praxis et se déploie comme une interprétation sémiotique généralisée orientée toujours vers les virtualités des objets et permettant une double actualisation des sujets (et des groupes sociaux) et des milieux de culture.

Vidéos :

Pierre Boudon, « Un dispositif de catégorisation à la base d’un processus sémiotique d’agrégation »

Pierre Boudon – L.E.A.P (Laboratoire d’Étude de l’Architecture Potentielle), Université de Montréal

Dans une étude précédente, La question du genre comme nœud de relations sémantiques, nous avons associé étroitement la notion de « catégorisation » et celle de « classification ». Sans remettre totalement en cause cette association : « catégoriser, c’est classer », nous voudrions à nouveau réévaluer ce rapport en l’ouvrant en particulier à d’autres considérations puisque celui-ci dépend d’un autre, plus profond, entre déterminisme et indéterminisme (ou, en termes sémiotiques, « reproduction » d’un système de valeurs et « innovation » en tant que modification et/ou changement) […]

Télécharger le texte intégral en format PDF

Philipp Krämer, « Un phonème peut-il être une forme symbolique? Contacts et changements linguistiques – du portugais des Açores à l’essor du R uvulaire en Europe »

Résumé

L’interpénétration des langues romanes et germaniques en Europe est plus profonde qu’on ne le croit. Au niveau phonologique, on remarquera la présence des voyelles antérieures arrondies /y, ø, œ/ dans une multitude de langues et dialectes romans bien que ce phénomène soit plus typiquement répandu dans les langues germaniques.

Inversement, aujourd’hui encore, on assiste à la diffusion croissante du /R/ uvulaire, initialement réservé au français, dans les sphères romane aussi bien que germanique.

Comment expliquer ces phénomènes inhabituels ? En partant de l’hypothèse du feature pool, conception développée dans l’étude des langues créoles, on a les moyens d’analyser ces développements historiques avec un modèle qui arrive à concilier aussi bien des processus de contacts linguistiques que des changements internes du système grammatical ou phonologique.

Dans ce modèle, la réalité sociale est au centre de la réflexion car l’émergence ou l’entrée d’un nouveau trait structurel peut s’expliquer par la valeur socio-indexicale du phénomène en question. C’est à partir de cette signification sociale accrue des deux types de phonèmes qu’on peut faire un lien entre la phonologie socio-dialectale comparée et la notion du langage comme forme symbolique.

Benoît Grévin, « La langue symbole d’elle-même »

La langue symbole d’elle-même ? Formalisation linguistique, fonctionnalisme et symbolisation du langage dans les sociétés traditionnelles à « écrit complexe hérité » (Occident-Orient, IVe-XVe s.)

Benoît Grévin, CNRS-LamoP
(Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris), UMR 8589

Les cultures linguistiques tardo-antiques et médiévales sont marquées par une complexité due aux caractéristiques des sociétés qui les abritent. Participant encore pleinement, par de nombreux aspects, d’une vision performative de la langue en tant que miroir du divin et instrument magique, elles n’en possèdent pas moins également de profondes spécificités, liées à la complexification de pratiques de l’écrit stratifiées, conjuguant le maintien d’héritages antiques et la création d’outils spécifiques.

En reprenant certains des problèmes soulevés dans l’essai de comparatisme Le parchemin des cieux. Essai sur le Moyen du langage (Paris, Le Seuil, L’univers historique, 2012), on tentera de donner une idée des possibilités de réfléchir à nouveaux frais sur des pratiques et sur des idées trop souvent lues à l’aune téléologique du dévoilement progressif des modernités qu’offre un comparatisme des différentes aires culturelles eurasiatiques au long du millénaire médiéval.

Continuer la lecture de « Benoît Grévin, « La langue symbole d’elle-même » »