Yves-Marie Visetti, « Types et motifs : la question de la reconnaissance »

Yves-Marie Visetti présente ses recherches actuelles sur les modalités d’appréhension du phénomène de la reconnaissance.

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(partie 5/7) :

(partie 6/7) :

suite et fin :

Simone Morgagni, « Perception de l’action et narrativité. Quelques réflexions sémiotiques »

Résumé

Depuis la constitution de la sémiotique en tant que discipline scientifique, le développement d’une dimension dite « narrative » a souvent été le premier pilier épistémologique permettant de rendre compte des processus d’agencement du sens jusqu’à parvenir, dans une large majorité des cas, à assumer un rôle largement prépondérant dans l’économie des différentes théories concernées.

Dans le cadre d’un plus vaste travail d’esquisse d’une sémiotique se voulant « systémique », nous ne ferons guère exceptions ici et nous n’évaderons pas une interrogation qui semble presque se présenter comme un prélude à toute réflexion sémiotique. Toutefois et dans le cadre de cette intervention, il sera question de repartir de l’identification d’un certain nombre de difficultés par l’exposition de quelques tentatives de redéfinition récentes de l’élément narratif. Nous montrerons, plus en particulier, les évolutions paradoxalement proches de deux approches a priori reconnues différentes et concurrentes comme le sont celle proposée par la sémiotique générative élaborée à partir des travaux fondateurs de Propp et Greimas et celle qui est communément appelée aujourd’hui « narratologie postclassique » et, plus particulièrement, de son sous-domaine connu sous le nome de « narratologie cognitive ».

Une fois montré que les points de contact entre ces travaux sont bien plus nombreux et articulés de ce qui est le plus communément admis, nous présenterons quelques pistes de réflexions et d’intégration en nous concentrant sur la notion de « personnage » afin d’analyser i) le rôle joué par la perception de l’action dans un cadre n’étant pas explicitement défini à l’avance comme narratif, et montrer ainsi non seulement ii) qu’un processus de mise en narration a effectivement lieu et qu’une interprétation spécifique des actions perçues est bien mise en place de la part des sujets interprétants, mais surtout iii) qu’elle implique également dès le départ la perception d’une certaine expressivité.

Jean Lassègue – Religion et Cognition

version pdf de l’introduction au dossier de la revue Intellectica, n°50, décembre 2008 : 7-32

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Introduction au dossier

Au 2ème siècle de l’ère chrétienne, le rhéteur grec Lucien de Samosate écrivait à propos des statues des dieux, dans un contexte historique où la cité romaine exigeait qu’on leur rendît un culte :

« Au-dehors, c’est Neptune, le trident en main, c’est Jupiter, tout brillant d’or et d’ivoire, orné de foudres et d’éclairs. Mais regarde au-dedans : des leviers, des coins, des barres de fer, des clous, qui traversent la machine de part en part, des chevilles, de la poix, de la poussière, et d’autres choses aussi choquantes à la vue, voilà ce que tu y trouveras, sans parler encore d’une infinité de mouches et de musaraignes, qui y établissent leur république. »

L’incrédulité à l’égard de la religion – de ses symboles, de ses reliques ou de ses objets sacrés – même quand le dogme religieux est relayé par toute la puissance de l’Etat, ne date donc pas d’hier et il serait bien présomptueux de croire un seul instant que la question de la nature de la religion n’ait pas été abordée de longue date et avec toute l’incrédulité de principe que requiert ce que nous attribuons aujourd’hui prioritairement à l’attitude scientifique. L’attachement à un corps magnifié tel qu’il est représenté sous les traits de Neptune ou de Jupiter explique sans doute en grande partie la croyance que l’on pouvait avoir en l’existence de ces derniers et en leur pouvoir d’intercession dans les affaires humaines. Mais cet attachement individuel passe avant tout par une pratique cultuelle collective sans laquelle aucune constitution d’objet unifié sur lequel une croyance peut se reporter n’est possible. L’incrédulité manifestée par Lucien a donc le culte collectif rendu aux dieux pour objet, même si c’est à leurs statues et aux croyances qu’elles véhiculent qu’il s’en prend.